Au pays des brigands-gentilhommes, d'Alexandra David-Néel

Auteur : Alexandra David-Néel

Pocket, 1991 (édition originale Plon 1933)
354 pages
Catégorie : Témoignage





4e de couverture

En 1920, pas un Occidental n'est encore parvenu à atteindre le Tibet, Lhassa, la ville sainte, la cité interdite d'avant la Chine. « Au pays des brigands gentilshommes » est le récit de la première tentative d'Alexandra David-Néel pour pénétrer ce royaume inconnu. Elle parcourt des déserts, des jungles luxuriantes et d'immenses solitudes. Des milliers de kilomètres à dos de mule, de yak et le plus souvent à pied.
Projet fou et incursion audacieuse dans un monde de bandits inquiétants, de moines mystérieux ou de paysans hospitaliers que relate avec son humour particulier, son regard aigu et tout son talent d'ethnologue celle qu'on a pu surnommer « la femme aux semelles de vent ».

Mon avis

Alexandra David-Néel est un personnage absolument formidable que j’ai découvert par une excellente biographie (Le lumineux destin d'Alexandra David-Néel, de Jean Chalon). Cet ouvrage m’a notamment donné une furieuse envie de lire « en direct » le récit des aventures alexandrines. Le hasard m’a mis entre les mains Au pays des brigands-gentilshommes, où Alexandra David-Néel relate l’un de ses voyages en Chine et au Tibet, lors duquel elle tente – en vain – de prendre la route de Lhassa, à l’époque strictement interdite aux étrangers.
Il faut savoir que cette Franco-belge au destin extraordinaire née à la fin du XIXe siècle a commencé par se lancer dans une carrière de chanteuse d’opéra, s’est prise de passion pour les études orientales, s’est échappée des bibliothèques parisiennes pour étudier le bouddhisme à la source, a voyagé en Asie à partir des années 1910, amassé suffisamment de connaissances pour devenir une « dame-lama » respectée et été la première Occidentale à mettre les pieds en 1924 à Lhassa après une véritable odyssée himalayenne. De retour en France après la 2e Guerre mondiale, elle a fini sa vie dans le Sud de la France – on ne peut guère parler de retraite pour cette boulimique de travail qui n’a jamais cessé d’apprendre, d’écrire et de préparer de nouveaux voyages. À cent ans, elle faisait encore renouveler son passeport !
Elle passera sa vie à écrire récits et études sur le bouddhisme et les régions qu’elle a traversées, tant pour apporter un éclairage à des sujets largement méconnus à l’époque que pour financer ses déplacements. Fine mouche, elle a compris qu’il faut aussi toucher le grand public – elle avait peut-être tout simplement envie de faire partager ce pays pour lequel elle s’était manifestement prise d’une affection débordante.
Dans ce récit vivant, alerte, on se sent transporté vers le lointain Himalaya, avec la sensation d’avoir fait un bond en arrière dans le temps. Le sens de l’observation allié à celui de la mise en scène permettent à l’auteur de décrire tout l’exotisme de ces régions et de leurs habitants, tout en donnant un excellent aperçu de la situation politique locale déjà inextricable, entre Chine et Tibet, potentats locaux et pouvoir central, traditions et ethnies variables, petites haines et grands conflits. Mon seul regret à la lecture de ce récit : les références à d’autres ouvrages que je n’ai pas encore lus. Plus qu’une frustration, c’est une détermination à continuer de lire les récits d’Alexandra David-Néel !

N° 3/26 dans le challenge ABC 2012

Ma notation

A = Admirable ou Absolument immanquable, mais on aura compris que je suis très subjective, je trouve Alexandra David-Néel vraiment exceptionnelle !