Auteur : Rosa Montero
nb de pages : 563
Catégorie : roman historique
Résumé officiel ou personnel
" Je suis femme et j'écris. Je suis plébéienne et je sais lire. Je suis née serve et je suis llibre. J'ai vu dans ma vie des
choses merveilleuses. Pendant un temps le monde fut un miracle. Puis l'obscurité est revenue."
Ainsi s'exprime Léola qui s'apprête à raconter son incroyable histoire. Née dans une famille de paysans, Léola a vu son père et
son fiancé emmenés par "les hommes de fers", chevaliers
venus chercher des hommes pour combattre au nom du seigneur D'Aubenac,
leur maître. En ces temps où les serfs sont la propriété
des seigneurs de la région, toute recrue est bonne à prendre. Léola a
toujours rêvé d'endosser cette armure et de combattre auprès des
valeureux chevaliers. Aussi n'hésite-t-elle pas devant sa
maison brûlée. Elle qui a toujours mené une vie paisible au bras de
son amour, Jacques, trouve une armure à sa taille sur le champ de
bataille, l'équipement qui fera d'elle un homme, du moins en
apparence. C'est sous la tutelle du seigneur de Ballaine qu'elle
apprendra à se conduire comme tel, dans un monde où le pouvoir des
hommes domine, à ses côtés aussi qu'elle découvrira pour la
première fois la légende du Roi transparent et ce qu'il advient à
ceux qui la raconte.
C'est
pourtant seule qu'elle continue sa route. Devenue désormais Léolo,
apeurée mais résolue à retrouver son Jacques, elle
croise alors le chamin de celle qui l'accompagnera jusqu'à la fin,
Nynève. Cette dernière prétend être une fée de connaissance et avoir
connu la belle cour du roi Arthur, les chevaliers de la
table ronde et , surtout, l'incroyable Myrddin, Merlin. Ne sachant
discerner le mensonge dans ses paroles, Léola lui accorde sa confiance
pour la guider et force est de reconnaitre que son aide
est précieuse. Guérisseuse, Nynève sait ce qui est bien pour elles
et fait de son amie un preux chevalier apte au combat. De femme
amoureuse Léola se meut peu à peu en combattant, dont le corps
durci et meurtri par les batailles, les joutes lui rappelle qu'elle
n'a pas d'identité.
Peu
à peu, pourtant, Nynève lui ouvre un monde de féérie, en lui contant
les merveilles d'Avalon, dont les récits la
transportent. Leur parcours semé d'embûches les mènera en Occitanie,
que l'on dit pays de tolérance. A la cour d'Aliénor d'Aquitaine, des
cercles de lecture s'organisent autour de l'amour
courtois, les chevaliers vouent leur âme aux belles dames et les
récits merveilleux s'écrivent. Chrétien de Troyes, Abélard et Héloise,
autant de noms que l'Histoire gardera en mémoire.
Est-ce ce monde résolument optimiste qui l'aveugle au point de se
livrer corps et âme à la Dame blanche, sorte de Callypso qui les
retiendra des années dans son palais ? Prenant enfin conscience
de son côté obscur, Léola décide de partir. Mais le prix à payer la
conduira à découvrir la noirceur de l'âme humaine. Car le monde change
dehors. L'Eglise se veut toute puissante et bientôt
naissent les bûchers et l'Inquisition, par lesquels les Cathares
seront exterminés. Léola assiste à l'effondrement d'un monde lumineux où
tout n'est qu'amour et altruisme d'une part,
violence et intolérance d'autre part.
Mais avant cela elle connaitra elle-même l'amour qui transcende, l'amitié qui transporte et la clé du chemin vers Avalon
...
Mon avis
Entre
féérie et Histoire, entre mythe et réalité, ce roman nous transporte au
coeur du Moyen âge tout en mélangeant légendes et
faits historiques qui ont fait des XII°S et XIII°S des siècles
lumineux et des plus sombres en même temps. L'auteur reconnait avoir
voulu ces anachronismes afin de rapprocher dans le temps des
événements liés et les ramener à une vie d'homme ou plutôt de femme.
La
femme est en effet au coeur du roman. Pas seulement Léola dont le
destin incroyable lui ouvre les portes de la connaissance
et de la liberté. Mais toutes les femmes que cette période a vu
s'élever : Aliénor d'Aquitaine, Héloise , les Parfaites et bien
d'autres, réunies par un désir intense de changement, de renouveau
dans ce monde de noirceur mené par les hommes.
Car
le Moyen âge est une période sombre et le roman retranscrit à merveille
la servilité des vilains, les batailles sans fin
pour un lopin de terre, la violence quotidienne, l'insalubrité.
L'Eglise participe de cette noirceur et le point fort de ce récit est
de, justement, souligner sa montée en puissance, jusqu'à
l'Inquisition, infâme processus d'extermination qui a eu les
conséquences que l'on connait. Ainsi les données historiques sont-elle
judicieusement mises en relief lors de rencontres entre les
personnages, de débats organisés par les chrétiens et les
cathares.On retrouvera l'ambiance, dans certains passages, des Piliers de la Terre
de
Ken Follett et la plume de Rosa Montero retranscrit bien la violence
qui régnait tout en nuançant d'une douceur propre à l'identité double
du personnage principal. Pour ma part je dois dire que ce
récit m'a transportée en des lieux connus du Sud ouest de la France,
Montségur, Toulouse, Albi ... pour y retrouver une Histoire que je
connais bien pour l'avoir entendu, en français et en
occitan maintes fois.
Néanmoins,
au milieu de ce tumulte,de croisades en guerres, apparait la féérie,
véhiculée par Nynève, personnage
mystérieux dont on ne sait si elle est une fée ou une folle.
Porteuse de légendes, elle est en lien avec la Terre et représente les
croyances liées à la forêt, à la nature. Tout au long du récit
elle transporte avec elle le fil conducteur du roman: la magie
d'Avalon en quoi elle croit et à quoi elle aspire. A aucun moment Rosa
Montero ne dénature ce personnage en révélant son identité,
cela n'aurait d'ailleurs aucun intérêt car ce mystère ajoute à la
valeur du roman. Le lectuer oscille donc entre une explication réaliste
et la volonté de croire à ce récit merveilleux que le
personnage ne quitte pas .Je ne peux tout raconter mais certains
personnages sont tout de même plus attachants que d'autres, ainsi Léon,
décrit comme une montagne, robuste et pourtant atteint
dans sa chair par une maladie, inconnue à l'époque et que l'on
nommerait aujourd'hui épilepsie, qui le fait passer pour hanté par le
Malin. Une montagne d'amour à l'origine de passages émouvants
avec Léola.
Les
personnages sont d'ailleurs parfaitement décrits et possèdent une
personnalité propre, toujours étrange, comme si aucun
d'eux ne savait réellement qui il est, comme si chacun d'eux était
un mystère à lui seul. A tel point que, bien que ce récit soit long, il
prend des allures de conte merveilleux. La fin, pourtant
trouble et violente, nous est livrée comme douce et apaisante et la
clé est, encore une fois dans les paroles de Nynève, persuadée que la
brèche ouverte par les cathares fera son chemin, que leur
amour se répandra et qu'il en sera encore question des siècles plus
tard.
Alors
certains passages sont un peu plus longs à lire, les données
historiques étant au coeur, par exemple, des débats qui se
livraient à l'époque entre les tenants de l'Eglise toute puissante
et ceux qui souhaitaient une ouverture. Mais sincèrement, il y a
toujours un rebondissement pour relancer l'action et cela vaut
le coup de se lancer dans cette lecture passionnante. Par ailleurs
l'énigme du Roi transparent maintient un suspens constant, tute personne
qui tente d'en raconter l'histoire étant étrangement
arrêtée dans son élan, blessée ou tuée !
J'ai
apprécié, pour finir, le petit dossier final qui nous livre l'histoire
du Roi transparent et replace dans l'Histoire les
épisodes racontés . Pour cette raison le roman est résolument
historique jusque dans certains détails étonnants, mais il est aussi
fantastique par certains côtés que je vous laisse
découvrir.
Ma notation
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