Auteur : Jean-Louis Fetjaine
Nb de pages : 920
Série : trilogie
Catégorie : fantasy
Résumé officiel
Il y a bien longtemps, avant même Merlin et le roi Arthur, le monde
n'était qu'une sombre forêt peuplée d'elfes et de races étranges dont
nous avons aujourd'hui perdu jusqu'au souvenir. Dans ces temps anciens,
les elfes étaient un peuple puissant et redouté des hommes.
Voici le
récit de leurs dernières heures, depuis la rencontre du chevalier Uter
et de Lliane, la reine des elfes. L'histoire d'une trahison et de la
chute de tout un monde, d'un combat désespéré et d'un amour impossible.
Mon avis
Avis sur le tome 1 :
J’ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce roman, à tel point que je ne
lisais qu’un chapitre par jour. Les ficelles sont trop visibles, les
descriptions trop lourdes et pas toujours bien placées (quel est
l’intérêt de savoir qu’Uter reluque les seins de Lliane et qu’elle le
sait alors qu’ils sont en train de fuir pour sauver leur peau ? Cela
casse complètement le rythme de l’action). Le cliché du « les hommes
sont les méchants » m’a achevée. J’ai donc commencé à m’intéresser à
l’intrigue qu’au moment où la compagnie quitte Kab-Bag. Donc environ la
moitié du roman.
Malgré un début très difficile, je veux connaître la suite. Fetjaine a
réussi à m’étonner alors que je disais que l’histoire du complot était
cliché (même si obligatoire) et prévisible. J’ai beaucoup aimé l’entrée
en scène du nouveau personnage à la toute fin du roman. Ça nous oblige à
continuer tout de suite sur le tome 2 !
Avis sur le tome 2 :
Finie l’épopée héroïque, nous entrons enfin dans le cœur du sujet : les
prémices de la guerre sainte. Et c’est cet hospice défavorable aux
peuples dits féériques que nous découvrons une autre personnalité aux
personnages déjà rencontrés auparavant. On s’y attache complètement
différemment. Autant je trouvais Lliane hautaine et incarnant
parfaitement la mary-sue dans le tome 1, autant ici elle gagne en
profondeur.
A contrario, Uter, qui était attachant et
représentait le bon petit héros standard, est ici complètement tourmenté
et manipulé par ceux qui l’entourent : Merlin, Lliane, les trois
peuples, Ygraine, et même Excalibur si on y réfléchit bien.
L’univers devient vraiment très noir, mais cela me rassure pour la suite
dans le tome 3. J’avais peur d’avoir une énième copie du
Seigneur des anneaux. Les motifs sont les mêmes, mais dans
La Nuit des elfes,
Fetjaine arrive vraiment à s’en détacher avec des thèmes phares :
symbolisme et mysticisme. Ces deux mots résument très bien tout le chaos
qu’ont engendré les guerres qui se déroulent dans ce tome. Celle des
nains prend vite fin et on assiste aux débuts d’une autre qui va
s’interrompre brutalement avec le choix d’Uter, devenu le Pendragon.
Cependant, il y a un problème récurrent au tomes 2 et 3 : des personnages nombreux certes, mais qui
servent de décor. Un Bran très mal exploité, un Ulfin qu’on associe plus
à une plante qu’à un chevalier et un Léo de Grand que je croyais mort
pendant le tournoi. Une fin un peu pathétique pour Llandon, un peu trop
facile. Ah oui, et une minuscule apparition de Fréhïs le Barbare. Une
minute de gloire et paf plus rien. Dans tout ça, j’ai trouvé aussi que
les humains étaient trop facilement méchants. Seuls les elfes arrivent à
être multi-facettes alors même que leur nature le leur interdit.
Cependant, Fetjaine semble s’améliorer à chaque tome dans son
écriture donc je m’attends à quelque chose de meilleur pour la fin. Car
oui, maintenant je suis très impatiente de connaître le fin mot de
l’histoire !
Avis sur le tome 3 :
Du début à la fin, la question des descriptions sera ma hantise
éternelle. Néanmoins, Fetjaine a encore mûri dans cet ultime tome. Elles
sont mieux amenées et elles rentrent parfaitement dans le roman de
chevalerie. Genre qui, même s’il est riche en connaissances, fait partie
de ceux que j’aime bien mais qui, s’il est utilisé à outrance, a le don
de m’ennuyer. Au Moyen-âge, les redites et les descriptions répétitives
ne sont pas un problème car c’est une littérature écrite ET orale.
L’ancien français avait d’ailleurs des mots bien plus synthétiques que
les nôtres pour décrire un lieu, un vêtement, une condition ou une
relation. De ce fait, les descriptions ne sont pas ennuyantes. Fetjaine a
changé sa manière de faire, mais étant donné qu’il se répète parfois
pour rappeler ce qui s’est passé dans « l’épisode précédent », j’ai
sauté ces passages de redites. Fetjaine a d’ailleurs bien raccourci ses
romans quand il a écrit sa
Chronique des elfes. Son projet a été très ambitieux, mais très lourd aussi.
Le texte est violent, cruel et froid. On sent une évolution par rapport
aux premiers volumes. Les derniers chapitres permettent de faire monter
la pression et le visage de l’Innommable est bien caché jusqu’à la fin.
Il reste encore des personnages qui ne servent à rien. Je pense surtout à
Fréhïr. Il est le père de Galaad dans cette version de la légende
arthurienne, mais… son rôle d’ancien héros de la légende n’est pas
utilisé. Il apparaît comme ça de temps en temps au début et à la fin. En
lisant les premiers chapitres, j’ai vraiment cru qu’on allait
développer son caractère, mais rien. C’est également le cas de Maheolas :
il apparaît dans ce troisième tome, mais il se confond très vite avec
l’Innommable. Pour le non initié, il ne repérera pas l’autre nom de
Méléagant, qui appelle à l’apparition de Lancelot.
En bref :
Cette trilogie est très élitiste et Fetjaine a eu du mal à combattre sur tous les fronts. Beaucoup d'ambition pour recréer l'épopée à l'ancienne, mais son traitement donne un effet de "trop" ou "pas assez" selon ce qu'on étudie.
Si j'avais à choisir un seul tome, je prendrai le 3. Il traite l'entrée du christianisme dans la vie celte avec beaucoup de poigne et avec une interprétation très différente, voire perturbante. Pourquoi l’Innommable tue certains enfants et en garde d’autres ?
Pourquoi le Mal incarné est-il tué par la lance des Monstres tenue par
Galaad, ce qui fait faire un rapprochement entre le talisman des
monstres et la lance qui a piqué le Christ ? Est-ce cela l’épreuve du
Graal ? Où est passé Maheolas, l’interprétation de Fetjaine de Méléagant
?
Si Liliane devient la dame du Lac qui élève Lancelot, que va devenir Morgane, sa fille ? Liliane est présentée comme la Grand Mère. Voire peut-être la Grande Déesse ?
Lien vers l'article sur mon blog - N° 18 dans le challenge ABC 2012
D = Difficile à terminer