Auteur : Léon Tolstoï
nb de pages : 984
Série : non
Catégorie : Drame romantique, Littérature russe
Résumé personnel
Dans la Russie tsariste des années 1870, Anna Karenine,
épouse d'un dignitaire froid et taciturne, et Alexis Vronski, un jeune
homme assez frivole, tombent amoureux sur le quai d'une gare. Au mépris
des conventions sociales, ils vont vivre leur amour jusqu'au bout,
provoquant le scandale dans la société bien-pensante de
Saint-Pétersbourg. De son côté, Constantin Levine, un propriétaire
terrien, ami du frère d'Anna, est amoureux depuis toujours de la
charmante princesse Kitty Schterbatski (ou Schterbatskaia en russe) qui
éprouve un sentiment profond pour Levine mais avait eu la tête tournée
par Vronski avant qu'il ne rencontre Anna...
Mon avis
Ce sont donc ces deux histoires parallèles que nous
suivons, la passion d'Anna et Vronski et la relation plus tranquille de
Levine et Kitty même s'il faudra quelques épreuves pour que ces deux-là
se retrouvent. D'ailleurs, même si le roman porte le nom d'Anna,
l'histoire de la jeune femme et de son amant n'est qu'un aspect de ce
roman de 1000 pages (et pas forcément le plus intéressant, à mes yeux).
Nous suivons de nombreux autres personnages, à commencer par Levine et
Kitty ou encore Stepan Oblonski et sa femme Dolly, lui étant le frère
d'Anna et elle la soeur de Kitty (vous suivez ? :)) Et avec en toile de
fond, de nombreux passages politiques, religieux ou encore militaires,
intéressants, certes, mais pas forcément passionnants.
Le tout donne une assez bonne idée de ce
qu'était la Russie d'alors, avec une aristocratie toute-puissante,
francophile et anglophile, prenant les eaux en Allemagne et se souciant
fort peu des problèmes du peuple. Levine, lui, représente le côté
moderne de cette aristocratie sans doute parce qu'il vit à la campagne,
gère des terres et essaie d'impliquer les paysans dans son travail. Ses
tentatives de réformer l'agriculture autour de lui sont toutes à son
honneur même s'il n'y voit que son intérêt et pas forcément celui de
ceux qui l'entourent.
J'ai fait 7 ans de
russe, 3 au lycée, 4 en fac (et c'était il y a bien longtemps) et ce
roman a fait remonter en moi des souvenirs d'antan (d'ailleurs Tolstoï
avait été le premier auteur que j'eus à traduire en première année de
fac... moi dont le russe était la 3e langue, voire la quatrième si l'on
compte le français !), notamment sur cette "âme russe" dont on parlait
souvent. Car le Russe est mélancolique. Et exalté. Un bipolaire
constant, quoi ! :) Et ça se retrouve énormément dans ce roman. Ce qui
m'a marquée dans les histoires d'Anna/Vronski et Levine/Kitty c'est
qu'aucun d'eux ne parvient jamais à être véritablement heureux. Il y a
du malheur sous-jacent même dans le bonheur. Un regard un peu de travers
(les hommes jettent énormément de regards glaciaux envers leurs
compagnes... sympa !), une attitude différente et voilà nos personnages
qui se voient trompés, quittés, bafoués. Ils ont du mal à communiquer et
cela empoisonne leurs relations.
C'est flagrant dans le couple Anna/Vronski, qui
voit de façon dramatique son histoire gangrénée par les obstacles et
les suspicions. En voulant vivre un amour libre et hors des normes, ils
se mettent au ban de la bonne société russe et cela ruine toute chance
de vrai bonheur quand Vronski peut continuer à avoir une vie sociale,
alors qu'Anna, considérée comme une sorte de Jezabel par ses pairs, ne
peut mener la vie qu'elle veut (voir une scène à l'opéra). Ce qui crée
beaucoup de jalousies et de ressentiments de part et d'autre.
Cela est peut-être moins visible avec Levine et
Kitty que l'on peut voir comme un couple "pépère" et pourtant, on
s'aperçoit qu'un regard, un non-dit et voilà Levine qui s'imagine que sa
femme a envie de le tromper (alors qu'elle est enceinte !) et il lui
lance des regards glaciaux (oui je vous avais dit que le regard glacial
revenait souvent dans le roman ! ;)) alors qu'il a tout pour être
heureux. J'ai beaucoup aimé Levine mais il y a eu des moments où j'ai eu
envie de le secouer ! :)
Au
risque de me faire huer, je dois dire que je n'ai pas aimé Anna. Je
l'ai trouvée froide, assez égoïste et si on peut la trouver courageuse
et avant-gardiste dans sa façon de vivre son amour avec Vronski, elle
m'est apparue comme une beauté trop lointaine pour être vraiment
attachante. Cependant, j'avoue qu'elle m'a un peu touchée sur la fin.
Mais je n'ai pas du tout aimé cette espèce de désintérêt qu'elle
éprouvait à l'égard de ses enfants. On peut supposer qu'elle les aime,
certains passages le prouvent, mais d'autres montrent bien qu'elle
n'éprouve malgré tout une forme d'indifférence. Disons que c'est
flagrant tant qu'elle vit avec son fils par exemple et que tout à coup
elle éprouve une sorte d'amour maternel une fois qu'elle est éloignée de
lui. Cette attitude n'a rien fait pour m'aider à l'aimer !
Quant à Vronski, lui c'est encore pire. C'est un être frivole, peu intéressant et pas attachant du tout !
Levine, lui, est tout son contraire, et c'est
vraiment le personnage que j'ai préféré. Pour moi, c'est le véritable
héros du livre. Il a ses défauts, certes, mais il est fidèle, droit,
intéressant et certainement le personnage le plus creusé. J'ai beaucoup
aimé sa gaucherie en amour, son côté terre à terre et presque "paysan"
qui détonne par rapport aux autres aristocrates qu'il côtoie. Je crois
que c'est en grande partie grâce à lui que le livre m'a plu.
Kitty, elle, est plutôt mignonne, un peu
frivole (mais c'est une jeune fille) qui s'emballe vite. Pas très
intéressante mais assez représentative de cette aristocratie russe,
comme Vronski d'ailleurs.
Un personnage qui ne m'a absolument pas touchée
c'est Alexis Karenine. Certains pourront lui trouver des qualités mais
je l'ai trouvé vraiment trop froid et calculateur même lorsqu'il se
laisse aller à une quelconque émotion. Tous ses gestes, même ceux qui
semblent magnanimes, sont pensés en fonction de sa position sociale, que
ce soit son refus du divorce ou au contraire son acceptation et toutes
ses réactions envers Anna. Je sais bien qu'il se sent bafoué dans son
honneur du fait du scandale provoqué par la liaison de sa femme et on
pourrait le plaindre mais je n'ai jamais ressenti aucune chaleur chez
lui, même envers son fils.
Je suis en train de faire cette chronique et
finalement je me demande vraiment pourquoi j'ai aimé cette lecture ! :)
C'est vrai quoi, je n'ai pratiquement aimé aucun personnage, l'histoire
d'amour entre Anna et Vronski m'a laissée de marbre et il m'a paru long à
lire ! Mais je crois que le style de Tolstoï est pour beaucoup dans mon
impression générale, le plaisir que j'ai eu à le lire. C'est évidemment
très bien écrit (en tout cas, la traduction est bien faite), le
contexte historique est vraiment intéressant et l'auteur décrit
admirablement bien la vie quotidienne de ses contemporains. Même ces
tourments amoureux qui ne m'ont pas forcément touchée sont racontés de
très belle manière. Cela a suffi pour que j'aime beaucoup.
En conclusion, même si j'ai mis longtemps à le lire, je suis ravie d'avoir
enfin découvert ce roman et connu l'histoire d'Anna Karenine et de son
entourage. Si un roman classique russe de 1000 pages ne vous fait pas
peur, je vous engage à le lire pour vous faire votre propre opinion
découvrir tous les personnages dont je vous ai parlé et leur histoire.
Lien vers l'article sur mon blog - N° 16 dans le challenge ABC 2013
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