nb de pages : 246 pages
Catégorie : Théâtre
Résumé officiel ou personnel: M. Bérenger est plongé dans une aventure bien curieuse. Il habite une petite ville, et la plupart de ses concitoyens - par un processus incompréhensible - se métamorphosent en rhinocéros. On imagine les perturbations qu'une semblable épidémie peut déclencher dans une petite communauté humaine. M. Bérenger échappera-t-il à cette malédiction? Naturellement il faut aller un peu au delà des apparences: d'ailleurs dans cette rocambolesque histoire d'hommes changés en rhinocéros, il y a une signification philosophique très sérieuse que le lecteur aura le plaisir (ou la terreur) de découvrir.
Mon avis:
Si je n'avais jamais lu Rhinocéros (oui je sais pour une théâtreuse de vingt et un an c'est limite), j'en avait largement été informée du sous texte. A vrai dire, Rhinocéros était dans ma tête "une pièce sur la monté du nazisme" et voilà tout. J'ai eu beaucoup de mal à me débarrasser de ce présupposé massif en commençant ma lecture, et pourtant ça me paraît nécessaire. Entrer en n'ayant que ça en tête, c'est entrer avec de gros sabots dans une oeuvre fine, intelligente, atypique. Bien sûr, Rhinocéros parle de la montée du nazisme. Mais c'est avant tout une oeuvre menée par des personnages très intéressants, dans un monde qui ressemble au notre et qui lui devient délicieusement parallèle, formée d'une écriture très agréable, fluide. Rhinocéros est mille fois moins absurde que la Cantatrice chauve - je ressens le besoin de le préciser parce que la qualification d'auteur de l'absurde colle (et en un sens, justement) à la peau d'Eugène Ionesco et que dans certains cas ça en rebute carrément certains.
Il y a dans Rhinocéros une satire totale de la logique qui devient elle même l'absurde, et vice versa. Il y a aussi finalement, un grand cri d'humanité - et pas forcément d'humanité belle et superbe, justement. Il s'agit de l'humanité qui survit, mais aussi de l'humanité lâche, vivante malgré elle, de l'humanité avec des principes qui se brisent en quelques secondes et ne valent rien, de l'humanité sous toutes ses coutures qui la rendent tour à tour répugnante ou touchante, belle ou méprisable.
Vous l'aurez compris je pense, j'ai beaucoup aimé Rhinocéros. J'ai hâte de la voir mise en scène. Le personnage de Bérenger est extrêmement intéressant, anti-héros au possible s'il faut le caser dans une catégorie. On trouve dans le texte une finesse très intéressante, et les différents personnages qui amènent de nombreuses différentes couleurs et qui pourtant deviennent rhinocéros donnent une profondeur à la trame du texte. La fin est assez géniale aussi. Il y a dans le développement des événements une soudaineté délicieuse. Bref, je le conseille absolument, d'autant que c'est assez court à lire. J'ajoute que de mon côté, je n'aime généralement pas lire le théâtre, et que j'y ai cette fois pris beaucoup de plaisir.
Lien vers l'article sur mon blog - N° 5 dans le challenge ABC 2013
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